- VENDÉE (GUERRES DE)
- VENDÉE (GUERRES DE)VENDÉE GUERRES DEL’Anjou catholique et le Poitou, rechristianisé par la mission Montfort, se détachèrent de la Révolution lorsque Pie VI désavoua la Constitution civile du clergé. Après l’échec des tentatives armées de La Lézardière, de Baudry d’Asson et des correspondants de l’Association bretonne, les gentilshommes vaincus au 10 août rentrent de Paris. L’état d’esprit des villes, souvent acquises aux idées nouvelles, interdit une improvisation militaire. De rares ressources sont peut-être fournies par Mme du Barry à Donissan, mais l’on s’interroge encore dans le clan de ce dernier sur l’opportunité d’une action lorsque la levée de 300 000 hommes provoque le soulèvement populaire sous la direction du voiturier Cathelineau au Pin-en-Mauges, ainsi que du garde-chasse Stofflet à Maulévrier. L’affaire, conduite humainement en ces contrées, est menée plus rudement à Machecoul par Souchu. Tandis que Charette s’assure progressivement la maîtrise de la Vendée départementale, l’Anjou, en relation avec la chouannerie du Maine, élit Cathelineau généralissime de la Grande Armée catholique et royale et crée un embryon d’administration civile sous la direction de Donissan.Après les victoires de Bressuire, Thouars, Saumur et Angers, les vendéo-angevins, un moment essoufflés, bénéficient au printemps de la diversion fédéraliste, mais échouent devant Nantes (14 sept. 1793). Leur désunion, et l’arrivée des troupes de Mayence — un moment rompues par d’Elbée à Torfou — provoquent la grave défaite de Cholet (17 oct. 1793). Alors commence la «virée de Galerne» (c’est-à-dire la randonnée dans le pays d’où souffle le mauvais vent); 90 000 personnes dont environ 40 000 combattants passent la Loire, négligent de marcher sur Paris (thèse de Talmont) et vont buter devant Granville sans pouvoir s’assurer d’un port de mer ni recevoir les secours britanniques attendus. Le troisième généralissime, La Rochejaquelein, contient Kléber à Dol, puis le bat devant Antrain et à Pontorson, mais doit évacuer Laval avant d’essuyer une grave défaite au Mans, et se séparer de ses troupes pour préparer le franchissement de la Loire. Kléber, Marceau et Westermann anéantissent la «Grande Armée» à Savenay (23 déc. 1793).Malgré les colonnes infernales de Turreau, les vendéo-angevins de Charette, Sapinaud, Marigny et Stofflet passent à des méthodes de guérilla voisines de celles des chouans. Charette et Stofflet, respectivement signataires des traités de La Jaunaye et de Saint-Florent (hiver 1795), échouent et succombent dans la deuxième guerre, compromise dès le premier jour par la mésentente des généraux et la fatigue des paysans.La troisième guerre sous d’Autichamps et Châtillon voit la prise de Nantes, mais la déroute des Aubiers aboutit à une succession de traités et de soumissions signés pour la plupart à Candé.Louis de La Rochejaquelein et Suzannet conduiront la quatrième guerre en 1815 contre Lamarque, dont les 30 000 hommes manqueront à Waterloo. Battus, les Vendéens trouveront une victoire dans la défaite napoléonienne en Belgique. Les généraux royalistes traiteront alors avec leurs homologues bonapartistes pour faire face aux exigences des Alliés.En 1832, l’insurrection de cadres organisée par Bourmont à la demande de la duchesse de Berry ne parvient pas à réunir suffisamment d’effectifs et se termine après le combat de La Pénissière par la capture de la duchesse à Nantes. Ainsi, la cinquième guerre met-elle fin à ces campagnes dont les résultats, au-dessous du médiocre sur le plan politique, demeurent considérables sur le plan religieux et social: tolérance en 1796, concordat et exemption de la conscription en 1801. La tradition vendéenne contribuera puissamment à l’implantation d’une représentation parlementaire siégeant à droite et très attachée à la liberté de l’enseignement; mais les souvenirs de 1832, empêchant le ralliement des légitimistes aux Orléans après la mort du comte de Chambord, ne contribueront pas médiocrement à l’installation de la république servie par les bleus de l’Ouest (manifestant le dynamisme des minorités), tels que Waldeck-Rousseau, Briand et Clemenceau.Napoléon Ier, contempteur de la chouannerie, mais admirateur de la Vendée, en disait: «Ce fut une guerre de géants.»
Encyclopédie Universelle. 2012.